L’athlète spécialiste du lancer de poids (F56/57) est un rescapé du tremblement de terre de 2010
Jean Indris Santerre est revenu de la peur et du danger. Amputé de la jambe gauche durant le terrible tremblement de terre à Haiti, le 12 Janvier 2010, il raconte, encore très éprouvé, son parcours personnel et sportif : il est un survivant, comme il se définit lui-même. Un traumatisme qu’il porte dans sa chair et dont il a encore du mal à parler. A Rio, il est l’unique représentant de son île, l’un des pays les plus pauvres du monde.
Pourquoi avez-vous choisi l’athlétisme?
Je pourrais participer à d’autres épreuves mais par manque d’argent, je dois choisir. Je me suis donc orienté sur le lancer de poids par passion. Le président du Comité Olympique d’Haiti a décidé de m’inscrire dans cette catégorie. Il croit en moi en tant qu’athlète expérimenté et compétent. Grâce à mon courage et ma volonté, je crois en mes chances.
Quelles sont vos conditions d’entraînement durant votre préparation?
Les conditions à Rio sont bien meilleures que dans mon pays. C’est un changement radical. Ici au moins, nous avons accès à du bon matériel qui nous permet de bien travailler. En Haiti, je ne peux m’entraîner que trois fois par semaine dans un stade paralympique alors que pendant les Jeux, je peux m’entraîner tous les matins pendant 4 heures.
Quel est votre objectif pour ces Jeux Paralympiques de Rio 2016?
J’ai été invité à participer aux Jeux par le Comité Paralympique International. J’ai bénéficié de ce qu’on appelle une Wild Card. Mon objectif est de prouver que j’ai le niveau pour faire partie de cette compétition comme les autres athlètes, en réussissant un lancer du poids à 7 mètres. C’est la distance qui permet de se qualifier pour une épreuve olympique. Il s’agit d’un véritable défi pour moi car mon record personnel est autour des 6 mètres.
Comment voyez-vous la suite de votre carrière?
En tant que père de famille de 4 enfants, je me laisse le temps de réfléchir à la suite car ce sport exige beaucoup de temps et de sacrifices.
Comment vivez-vous ces Jeux de Rio?
C’est une vraie chance! La situation en Haïti est très difficile. Beaucoup de mes compatriotes handicapés aimeraient pouvoir participer mais malgré leur courage, nous n’avons pas les moyens financiers. Alors pour moi qui suis le seul représentant de mon pays, c’est évidemment une grande expérience. Pour les Jeux de Tokyo en 2020 j’espère partager ces instants avec d’autres athlètes paralympiques Haitiens.
Jean Indris Santerre (à gauche) accompagné de son entraîneur, Tohny Regis (Photo: Wilfried DAHMANE/ Rio 2016)
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