Emmanuel Macron accueilli à Cozzano en Corse par des dizaines de drapeaux corses encadrés par les forces de l'ordre, le 4 avril 2019.© afp.com/PASCAL POCHARD-CASABIANCAEmmanuel Macron accueilli à Cozzano en Corse par des dizaines de drapeaux corses encadrés par les forces de l’ordre, le 4 avril 2019.Drapeaux corses à foison, banderoles sur les écoles, perturbations dans les liaisons aériennes et poignée de gilets jaunes déterminés à approcher le président : pour l’ultime débat d’Emmanuel Macron en Corse, où les nationalistes ont appelé à une journée « île morte », le mécontentement veut se faire entendre.

La route sinueuse de montagne qui mène au village de Cozzano en Corse-du-Sud où a lieu le débat est décorée de têtes de Maure noires sur fond blanc (la « bandera », le drapeau corse), sur une trentaine de kilomètres entre le village et Ajaccio. Accrochés sur les arbres, scotchés sur les poubelles ou les rideaux de fer à Ajaccio, ils sont là pour signifier au président sur quelle terre il met les pieds.

Au fil des villages traversés pour rejoindre la salle des fêtes du débat, peu d’habitants s’aventurent dehors, quelques cochons occupent pacifiquement l’entrée du village de Corrano, à une dizaine de kilomètres de Cozzano, environ 300 habitants, épicentre des activités présidentielles. « C’est toujours comme ça ici en hiver », lance un riverain sans vouloir en dire plus.

Au barrage filtrant installé par les forces de l’ordre, à six kilomètres de Cozzano, une quinzaine de gilets jaunes, drapeaux corses sur les épaules, tentent de trouver le moyen d’entrer dans le périmètre sécurisé. Après avoir essayé une vaine percée à travers le maquis, bloqués par l’important dispositif de sécurité, ils ont rebroussé chemin.

Manifestation devant la préfecture de Corse à Ajaccio

Angèle Aliotti, habitante septuagénaire de Ciamannacce, regrette que le débat ne se tienne pas dans sa commune : « J’aurais voulu voir le président Macron pour pouvoir faire une photo avec lui et avoir une dédicace », soupire-t-elle. Quant aux tiraillements avec les dirigeants nationalistes, elle lâche simplement : « À chacun ses opinions. Moi je n’ai pas de reproche à lui faire ».

À Cozzano, le président a fait étape dans la charcuterie de Dumè Cesari, haut lieu des lonzos et autres coppas corses. Au même moment, quelque 200 manifestants se sont rassemblés, sous la pluie, devant la préfecture de Corse à Ajaccio, à l’appel à la fois d’une intersyndicale pour dénoncer la politique du gouvernement et du puissant syndicat des travailleurs corses (STC) pour « s’opposer au mépris de l’État français vis-à-vis de la Corse ».

Jean-Guy Talamoni, président indépendantiste de l’Assemblée de Corse qui boycotte le débat de Cozzano, s’est joint aux manifestants alors que, là aussi, les « bandera » flottaient, nombreuses.

À l’appel de la coalition nationaliste Pè a Corsica, la demi-journée « île morte », prévue entre 12 heures et 18 heures, se traduit notamment par des transports ferroviaires et aériens perturbés. « Il n’y a aucun mouvement entre 12 heures et 18 heures mais tous les vols prévus sur ce créneau ont été reportés soit avant soit après », a précisé le directeur de l’aéroport d’Ajaccio où s’est posé, peu après 11 h 15, l’avion du président.

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