RéFORME DES RETRAITES
Face au tollé à gauche, l’UMP défend une réforme «réaliste, forte et juste», tandis que les syndicats fourbissent leurs armes pour la journée d’action du 24 juin. Le Medef se dit, lui, opposé à certaines mesures.
// 46 réactions | Réagir16.06.2010, 10h23 | Mise à jour : 16h18
L’avant-projet de loi sur la réforme des retraites présenté ce matin Eric Woerth, ministre du Travail, provoque un tollé à gauche, tandis que l’UMP s’emploie à défendre une réforme «d’une grande justice». La principale mesure est celle du recul de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans d’ici à 2018.
//
Le PS fustige une «réforme irresponsable» et «la plus injuste» de Nicolas Sarkozy. Martine Aubry, chef de file des socialistes estime que «le report de l’âge de départ à 62 ans est une mesure idéologique qui ne règle pas les problèmes du financement des retraites». La maire de Lille le dit «avec solennité» et avertit que «le PS aux côtés des organisations syndicales, va combattre le projet et proposer sa réforme».
Son prédécesseur à la tête du PS, François Hollande, estime que «c’est la réforme la plus injuste qui a été arbitrée par le président de la République». Selon lui, Nicolas Sarkozy a «choisi de faire payer les pauvres et ceux qui ont commencé à travailler tôt», a-t-il déclaré sur Canal +. Concernant la taxation des hauts revenus et des revenus du capital, «on demande un cheval d’effort aux salariés et une alouette à ceux qui ont plus de moyens», dénonce Claude Bartolone, le président du conseil général de Seine-Saint-Denis (PS). «Ce que je retiens du projet, c’est d’abord le signe aux marchés financiers qui font la loi», a de son côté déclaré Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l’Assemblée nationale,sur RTL
UMP : «Nous faisons preuve d’une grande justice». «C’est une grande réforme qui répond aux besoins de notre système de retraites et qui répond aux attentes des Français», a déclaré Xavier Bertrand sur France Info. Concernant l’alignement des cotisations du public et du privé, le secrétaire général de l’UMP a insisté : «Nous faisons preuve de justice.» Frédéric Lefebvre, le porte-parole de l’UMP, la réforme protège les très jeunes travailleurs ainsi que ceux qui souffrent de la pénibilité et fait également participer les plus aisés qui bénéficient de hauts revenus et de revenus du capital. «C’est une réforme qui est à la fois forte, réaliste et juste» a-t-il affirmé sur France Info.
Débat houleux avec les députés. Le ministre du Travail a été auditionné dans la foulée de sa conférence de presse par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée, où il a présenté pour la première fois à l’opposition le projet de réforme des retraites tout juste officialisé. Ce premier contact avec les députés laisse présager des débats électriques sur le projet de loi en commission du 20 au 23 juillet, puis en séance publique à partir du 7 septembre. «On ne peut pas résumer une réforme de société à des mesures démographiques», a lancé la députée PS Marisol Touraine. Elle et Martine Billard (Parti de gauche) ont accusé le gouvernement de ne pas voir au-delà de 2018. Après, «c’est le trou noir». Même le Nouveau centre (NC) a regretté l’absence de «réformes systémiques». «Vous ne parlez pas de réforme des retraites (…) depuis vingt ans», a rétorqué Woerth aux socialistes en leur reprochant de «politiser» le dossier..
«La fin du monde» pour Mélenchon. Président du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon a le sens de la formule : «Aujourd’hui est jour de tristesse et de colère. La fin de la retraite à 60 ans c’est la fin d’un monde», lance-t-il dans un communiqué. «Le moment venu, au pouvoir, la gauche devra annuler toutes ces mesures injustes et rétablir la retraite à 60 ans».
«Dure et rapide» pour le MoDem. Le Modem regrette une réforme «dure, rapide». Robert Rochefort, député européen, a dénoncé sur France Info l’injustice du «déplacement de l’âge sans décote de 65 à 67 ans».
«La bataille n’est pas terminée», prévient le PC. Pierre Laurent, qui devrait succéder ce week-end à Marie-George Buffet à la tête du PC, a estimé mercredi que «la bataille n’est pas terminée car on voit bien que l’opinion publique est très largement opposée à ça». «On va vers un renforcement assez dramatique des inégalités devant le droit à la retraite». Invité de France 2, Marie-George Buffet a de nouveau dénoncé «la parodie de négociation» qui a précédé l’annonce du projet, regrettant qu’on n’ait «tenu aucun compte de nos propositions».
Marine Le Pen: «Du pur Sarkozy : injuste, inefficace et mensonger !». La fille du patron du Front national dénonce dans un communiqué «une réforme des retraites prête depuis longtemps, et en réalité écrite par le Medef, la Commission européenne et les agences de notation». «Ce sont bien les plus pauvres, et les classes moyennes, qui seront comme d’habitude mis à contribution», estime-t-elle.
LES REACTIONS DES SYNDICATS ET DU PATRONAT
FO demande le retrait de la réforme. Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, juge «injuste socialement et inefficace économiquement» l’avant-projet de loi de réforme des retraites.«la ligne de FO va être de demander le retrait de l’avant-projet gouvernemental». «Si d’autres organisations syndicales sont sur la même position – on ne va pas chipoter sur tel ou tel point -, dans ces conditions-là, l’unité d’action est possible».
La CGT demande au gouvernement de «réécrire » sa copie. «Ce que l’on propose, c’est de réécrire le texte en prenant en compte ce que disent les organisations syndicales» et que «ça se traduise concrètement de façon à ce que ça ne soit pas les salariés qui paient», déclare Eric Aubin, responsable des retraites à la CGT. Dans un communiqué, il qualifie l’avant-projet de «réforme brutale pour un recul social sans précédent» qui ferait que «les conditions d’acquisition des droits à la retraite en France seraient les plus drastiques en Europe». La CGT appelle en conclusion à «des grandes manifestations unitaires et interprofessionnelles le jeudi 24 juin», lors de la journée d’action à l’appel des syndicats CGT, CFDT, CFTC, FSU, Solidaires et Unsa, à laquelle pourrait se rallier FO.
Le Medef opposé à certaines mesures. Le Medef voit «un grand pas en avant» dans le projet présenté mercredi par le gouvernement, mais manifeste son rejet de certaines mesures jugées «dommageables» pour les entreprises, dans un communiqué. «L’augmentation des taxes pesant sur l’épargne risque de dissuader les épargnants français d’investir à long terme dans les entreprises, et ce au moment où nos PME, PMI et ETI ont besoin de renforcer leurs fonds propres. Il conviendrait au contraire d’inciter au développement de l’épargne retraite», déplore l’organisation patronale. Parmi les critiques, figure également le changement du mode de calcul des allègements de cotisations patronales sur les bas salaires, jugé «très dommageable pour toutes les entreprises de main d’oeuvre».
La CGPME satisfaite. Jean-François Roubaud, le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), est, lui, plutôt satisfait. «Cette réforme me parait assez équilibrée. Les mesures qui ont été prises sont raisonnables. Cela nous donne du temps pour faire [des changements] de manière assez douce», a-t-il expliqué sur France Info.
Leparisien.fr
Read Full Post »