AFP (Le Point)
Route du Rhum: en attendant Jourdain…
Les ténors des trimarans géants étant arrivés en Guadeloupe, l’attention se porte désormais sur les monocoques de 60 pieds (18,28 mètres) IMOCA, le premier d’entre eux n’étant toutefois pas attendu avant samedi après-midi à Pointe-à-Pitre, terme de la Route du Rhum.
Les ténors des trimarans géants étant arrivés en Guadeloupe, l’attention se porte désormais sur les monocoques de 60 pieds (18,28 mètres) IMOCA, le premier d’entre eux n’étant toutefois pas attendu avant samedi après-midi à Pointe-à-Pitre, terme de la Route du Rhum.
Ces jours-ci, la Guadeloupe n’est décidément pas une île facile à atteindre quand on navigue à la voile et qu’on est pressé: c’est un peu ce que doivent se dire les skippers de ces monocoques lancés à la poursuite de leur indécrochable leader Roland Jourdain (Veolia Environnement).
A moins de 2 jours de l’arrivée, les 5 premiers de cette classe restent sur deux options radicales. Les deux bateaux de tête, Veolia Environnement et Brit Air (Armel Le Cleac’h), continuent de progresser avec un vent de face irrégulier (force 3) pour arriver en Guadeloupe par le nord. Les trois autres ont semble-t-il choisi une route directe, par l’ouest.
Ces options, cependant, risquent d’être de peu de valeur au vu des calmes qui vont, selon Météo Consult, s’installer dans la nuit de vendredi à samedi dans l’ouest d’Antigua et au nord-ouest de la Guadeloupe.
Ces conditions vont inévitablement ralentir la progression des concurrents. Les spécialistes ajoutent pudiquement que « la situation reste complexe » et qu’il faudra composer avec les régimes de brise et les calmes.
Yann Guichard (4e), arrivé tard jeudi soir à la barre du trimaran Gitana XI, ne démentira pas, lui qui est resté englué plusieurs heures en vue de la ligne d’arrivée…
Jourdain, alias Bilou, continue de faire la course en tête des IMOCA avec son « vieux » bateau, un plan Farr mis à l’eau en 2007 et loué pour l’année. A la barre de ce monocoque, celui de Sébastien Josse dans le dernier Vendée Globe, Jourdain domine depuis plusieurs jours la meute lancée à ses trousses.
Si Eole ne lui joue pas des tours, Bilou, 46 ans, est bien placé pour remporter ce Rhum 2010, comme il l’avait fait en 2006 dans la même catégorie.
Reste le mystère Desjoyeaux, qui se traîne en queue de peloton avec son Foncia flambant neuf, un plan VPLP-Verdier de dernière génération mis à l’eau il est vrai seulement quelques semaines avant le départ de la course, le 31 octobre à Saint-Malo.
Septième et avant-dernier des IMOCA au pointage de 16h00 (Paris) vendredi, Michel Desjoyeaux croisait à 538 milles (968 km) de Jourdain, un écart abyssal pour le plus titré des coureurs océaniques français.
Joint vendredi par radio, Desjoyeaux ne s’est pas étendu sur sa situation, se bornant à expliquer qu’il « profite de ce bon moment », « dort beaucoup » et pensait être « lundi matin au nord de la Guadeloupe ».
Pas de réponses aux questions qui taraudent le petit monde de la voile: la contre-performance de Mich’Desj’ s’explique-t-elle par un mauvais choix de route (contournement de l’anticyclone des Açores par le sud), une avarie que le skipper cacherait pour ne pas donner de munitions à ses adversaires ou le souci de ménager un bateau qu’il découvre tout juste et avec lequel il prendra le départ de la Barcelona Race (Tour du monde en double, sans escales) à la fin de l’année?
Ou encore, plus grave, Foncia est-il plus lent, plus difficile à régler que prévu? Réponse(s), peut-être, à Pointe-à-Pitre dans quelques jours.
Dans la classe des Multi 50, qui regroupe des trimarans de 15,24 mètres, Lionel Lemonchois (Prince de Bretagne) et Lalou Roucayrol (Région Aquitaine-Port Médoc) se livrent un duel superbe qui semble tourner à l’avantage du premier.
Lemonchois, qui avait gagné le Rhum 2006 en établissant un temps « canon » de 7 jours 17 heures 19 minutes, ne détesterait certainement pas l’emporter dans sa classe cette fois-ci.