Le ministre de l’Intérieur a adressé un télégramme aux préfets, demandant d’associer les organisateurs aux dispositifs de sécurité. Et il rappelle policiers et gendarmes aux « règles de déontologie» lors de leurs interventions.
Eric Pelletier | 30 Avril 2016, 14h55 | MAJ : 30 Avril 2016, 16h01
A la veille d’un 1er mai sous haute tension, Bernard Cazeneuve a envoyé des instructions précises aux préfets et aux forces de l’ordre. Le ministre de l’Intérieur tire les conséquences des violences qui ont émaillé la journée de mobilisation contre la loi Travail jeudi, à Paris, mais aussi en province, à Nantes, Toulouse ou encore Marseille.
Au cours de cette journée, 24 policiers et gendarmes ont été blessés dont un très grièvement, 214 interpellations ont eu lieu, des manifestants ont été molestés et, à Rennes (Ille-et-Vilaine), l’un d’eux a perdu l’usage d’un œil vraisemblablement après un tir de balle en caoutchouc. A Nantes vendredi, sept personnes ont été condamnées à des peines de prison.
Le télégramme envoyé aux préfets ce samedi en début d’après-midi insiste sur quatre points: réaffirmation de la liberté de manifester, condamnation des violences, appel à la responsabilité des organisateurs et enfin rappel des règles déontologiques aux forces de l’ordre.
« Les violences qui se développent en marge des manifestations revendicatives, voire des rassemblements « Nuit debout », doivent appeler de votre part une action particulière », commence Cazeneuve car ces débordements notamment dirigés contre les forces de l’ordre « brouillent l’expression démocratique de citoyens sincères ». Il convient « que tout soit entrepris pour prévenir ces violences et réprimer, lorsqu’elles sont commises, leurs auteurs», assume le premier flic de France.
QUESTION DU JOUR. Faut-il interdire Nuit debout ?
Pour autant, l’état d’urgence [ndlr : lié au haut niveau de menace terroriste] ne saurait, en droit, justifier l’interdiction de tels rassemblements. C’est pourquoi il faut, écrit Cazeneuve, imposer aux organisateurs un « service d’ordre interne structuré, identifiable et suffisamment dimensionné ».
Mais, place Beauvau, on tire aussi les conséquences des brutalités policières filmées par les chaînes de télévision et sur notre site Internet. Des débordements qui ont tendu encore plus la situation. D’où cet appel à « un usage proportionné et légitime de la force quand cela sera strictement nécessaire ».
Enfin, le ministère de l’Intérieur semble bien décidé à ne pas laisser se prolonger des occupations d’espace public dans le cadre du mouvement « Nuit debout ». Et donc à faire évacuer les lieux après avoir fixé un « horaire raisonnable de dispersion ».
En cas de manifestations d’importance, il est d’usage que des consignes soient adressées aux préfets. Cela a d’ailleurs été le cas lors des précédentes journées de mobilisation contre la loi Travail.