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Archive for the ‘Histoire de France’ Category

Que sont devenus les enfants de Louis XVI et Marie-Antoinette après la mort de leurs parents ?

Que sont devenus les enfants de Louis XVI et Marie-Antoinette après la mort de leurs parents ?© Pexels/cottonbro studio

Si l’histoire a retenu le destin tragique de Marie-Antoinette et de Louis XVI, le parcours de leurs enfants à la suite de l’exécution est souvent oublié. En effet, sur les quatre enfants du couple royal, un seul atteindra l’âge adulte.

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CAM – Quels sont les rois de France qui ont été guillotinés ?Activer les notifications

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L’un des événements les plus marquants de l’histoire de France fut vécu par le couple royal Marie-Antoinette et Louis XVI. Suite aux événements ayant mené à la prise de la Bastille et à celle des Tuileries à la fin du XVIIIe siècle, Marie-Antoinette est emprisonnée puis guillotinée le 16 octobre 1793. Quant à la mort de Louis XVI, elle était survenue quelques mois avant, le 21 janvier 1793. Cependant, l’histoire a tendance à oublier que lors de sa courte vie à Versailles, la reine a eu quatre enfants. Ceux-ci ont assisté, impuissants, à la mort de leurs parents. La question de leur avenir en tant qu’orphelins se pose alors.

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1/ Le franc, sept siècle d'histoire

1/ Le franc, sept siècle d’histoire©Wikipedia Commons

En 1356, lors de la bataille de Poitiers, le roi de France Jean II est capturé par les Anglais qui réclament, en échange de sa libération, une énorme rançon.

Qui sont les quatre enfants de Marie-Antoinette d’Autriche et du roi Louis XVI ?

Qu’est-il arrivé aux enfants après la fin du règne de Louis XVI et son exécution ?

Il faut savoir que sur les quatre enfants, deux d’entre eux n’assisteront pas à l’exécution de leurs parents. En effet, Louis-Joseph de France est décédé en 1788 à 7 ans des suites de fortes fièvres et d’une carie vertébrale. La dernière-née de Marie-Antoinette, Sophie-Béatrice, avait-elle aussi la santé fragile. Elle est décédée à seulement un an en 1787, des suites d’une tuberculose. Seuls Louis-Charles de France et Marie-Thérèse ont été témoins de la mort de Louis XVI et de leur mère, l’ancienne reine Marie-Antoinette. Surnommé « le prisonnier du Temple », le jeune Louis-Charles était désigné comme successeur au trône de France, et aurait dû devenir le nouveau monarque Louis XVII, mais il n’aura pas la chance de régner, et il décédera en prison à l’âge de dix ans.

Qu’est devenue Marie-Thérèse de France, appelée « Madame Royale », la fille de Marie-Antoinette ?

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Une seule motion de censure a été adoptée sous la Ve République (et ça n’a pas réussi à ses auteurs)© Copyright 2023, L’Obs

À l’origine du régime, en 1958, le président de la République est selon la nouvelle Constitution élu par un collège de 80 000 grands électeurs, très élargi par rapport à la IIIe et la IVe Républiques, où l’élection était faite par les seuls députés et sénateurs. Le souvenir de Louis-Napoléon Bonaparte, unique président de la République élu au suffrage universel (en fait semi-universel, puisque les femmes n’avaient pas le droit de vote) en 1848, et qui se fait désigner empereur par plébiscite en 1852 après son coup d’Etat en 1851, a pesé dans le choix des régimes suivants : éviter de donner trop de poids à un président de la République consacré par l’ensemble des citoyens. En 1958, Charles de Gaulle est élu président, pour un mandat de sept ans (le passage au quinquennat n’aura lieu qu’en 2002).

Le 20 septembre 1962, le général de Gaulle annonce à la télévision la tenue d’un référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel direct, en application de l’article 11 de la Constitution (un choix juridiquement très controversé – mais la procédure normale, passant par le Parlement, n’avait aucune chance de succès, d’où ce contournement).La Ve République doit-elle partir en retraite à 64 ans ?

Il adresse au Parlement un message, le 2 octobre. Une motion de censure est alors déposée, le même jour, avec comme premiers signataires Paul Reynaud (indépendant), Guy Mollet (socialiste), René Simonnet (MRP) et Maurice Faure (radical).

« Cette Assemblée n’est pas assez dégénérée pour renier la République », dit Paul Reynaud, auparavant soutien du général de Gaulle. Georges Pompidou, Premier ministre, réplique :« L’Assemblée nationale garde – c’est normal – une place prépondérante dans l’État et ses armes sont puissantes. Le risque de déséquilibre des pouvoirs existe dans le sens de l’affaiblissement des pouvoirs de l’exécutif. »

La motion de censure est adoptée le 5 octobre, avec 280 suffrages (la majorité nécessaire était de 241). Le général de Gaulle dissout l’Assemblée le 9 octobre, et n’acceptera la démission du gouvernement Pompidou, remise le 6 octobre, que le 28 novembre, après les élections législatives.

Au référendum du 28 octobre, le « oui » à l’élection présidentielle au suffrage universel direct recueille 62,25 % des suffrages exprimés. Les élections législatives des 18 et 25 novembre voient le succès de l’UNR-UDT (parti gaulliste) qui obtient 233 sièges (+ 56) au détriment des indépendants (- 86) qui forment, autour de Valéry Giscard d’Estaing qui avait fait campagne pour le « oui », le groupe des républicains indépendants (35 élus), allié à l’UNR-UDT – Paul Reynaud est battu au premier tour. Le parti communiste peut à nouveau constituer un groupe (+ 29 sièges) et François Mitterrand retrouve les bancs de l’Assemblée nationale (voir ce résumé et la retranscription partielle des échanges parlementaires lors de la motion de censure). Pompidou est dans la foulée nommé à nouveau à Matignon.

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Grand gagnant du référendum et des élections législatives, le général de Gaulle sera réélu, cette fois donc au suffrage universel, en 1965 – au second tour, contre François Mitterrand. Ce dernier consacrera en 1964 un livre, « le Coup d’État permanent », à la Constitution de de Gaulle, mais il ne changera rien aux institutions une fois à l’Elysée en 1981. Ce qui ne l’empêchera pas de dire à plusieurs reprises :« Les institutions étaient dangereuses avant moi. Elles le seront après moi. »

Lors du dépôt de la motion de censure, le député et ancien président du conseil (en 1940) Paul Reynaud pour les opposants, et Georges Pompidou pour le gouvernement, ont échangé à l’Assemblée.

De Gaulle « a voulu être à la fois Churchill et le roi Georges VI »

Paul Reynaud (1878-1966, droite modérée, soutien jusqu’en 1962 du général de Gaulle) tient ce discours :

« Et maintenant une question se pose : comment avons-nous pu glisser vers un pareil désordre intellectuel ? Voici la réponse : le général de Gaulle a voulu cumuler les honneurs dus au Chef de l’État et les pouvoirs du Premier ministre. Il a voulu être à la fois Churchill et le roi Georges VI, le chancelier Adenauer et le président Luebke. Dès lors, la Constitution de 1958 était condamnée.

Vidéo associée: France : après le 49.3, des motions de censure vont être déposées (Dailymotion)

Pour réaliser son dessein, le général de Gaulle a choisi ses premiers ministres et ses ministres parmi ses familiers et parmi de hauts fonctionnaires de grand talent habitués à obéir à leurs supérieurs hiérarchiques. (Applaudissements sur les mêmes bancs.)Retraites : à la veille du débat sur les motions de censure, les ministres montent au créneau

Aussi, depuis quatre ans, en dépit de l’article 20 de la Constitution, la France est-elle gouvernée par le Président de la République, ce qui fut accepté par les uns, toléré par les autres, en raison de la cruelle épreuve que la France subissait en Algérie.

Le général de Gaulle avait un tel souci d’agir qu’il s’est défié du Parlement.

Or, dans tous les pays civilisés, le Parlement est considéré comme représentatif de la nation, avec ses qualités et ses défauts, avec ses diversités, ses contradictions même. Mais lorsque les élus assemblés délibèrent et votent, ils sont investis de cette qualité éminente de représentants de la nation.

Pour nous, républicains, la France est ici et non ailleurs. »

« Admettre qu’il en soit autrement, c’est admettre la fin de la République. Le conflit entre le général de Gaulle et nous est là. Voilà ce qui l’a fait glisser sur la pente du pouvoir personnel. La tentation de faire élire le Président de la République par le suffrage universel vient de là. (…) Depuis 1789, les représentants du peuple, si décriés aujourd’hui, savent bien qu’ils ne sont, pris isolément, que des porte-parole modestes, précaires, faillibles, vilipendés souvent. Mais ils savent aussi qu’ensemble ils sont la nation et qu’il n’y a pas d’expression plus haute de la volonté du peuple que le vote qu’ils émettent après une délibération publique.

C’est cette foi qui rassemble aujourd’hui, pour l’honneur de la République, des élus de toutes croyances et de toutes appartenances politiques…  »

« Pendant longtemps on dira d’un homme politique : “Comment a-t-il voté le 4 octobre ?”. C’est notre honneur de parlementaires qui est en cause.

Aussi, monsieur le Premier ministre, allez dire à l’Élysée que notre admiration pour le passé reste intacte mais que cette Assemblée n’est pas assez dégénérée pour renier la République. (Vifs applaudissements à droite, sur certains bancs au centre et à gauche, au centre gauche et à l’extrême gauche). (…) »

« Les aventuriers n’ont plus leur place par l’élection »

Le premier ministre, Georges Pompidou, réplique :

« D’autres, et parmi ceux-là mêmes qui en 1958 ont fait appel au général de Gaulle et se sont ralliés à l’idée d’un chef d’Etat exerçant pleinement les charges de sa fonction, ce ralliement était donné du bout des lèvres et en fonction d’une conjoncture passagère.5 choses à savoir sur Charles de Courson, le député du groupe Liot qui pourrait faire tomber le gouvernement

Tel homme politique suggérait que, plutôt que de réformer la Constitution de 1946, on donnât les pleins pouvoirs à de Gaulle pour deux ans ou trois ans. On démontrait ainsi qu’on avait recours à une personnalité exceptionnelle pour un sauvetage momentané mais que, pour le reste, on ne songeait qu’à revenir aux habitudes antérieures en promettant plus ou moins d’essayer de faire mieux la prochaine fois. (Applaudissements à gauche et au centre.)

Pour ceux-là, comme disait Albert Bayet : “de Gaulle était un mauvais moment à passer” . (Rires et applaudissements sur les mêmes bancs.)

Aujourd’hui encore, de quoi s’agit-il ? Quel est le but de cette grande bataille, sinon de dire à de Gaulle qu’il a fait son temps, son régime avec lui, et qu’on veut se retrouver entre soi, comme avant ?

Et pourtant, mesdames, messieurs, quelle méconnaissance des périls qui nous attendent et, d’une façon générale, de la réalité moderne !

À droite. Quels périls ?

M. le Premier ministre. On ne devrait voir que dans tous les grands États, par des moyens divers, on a abouti, parce que c’est une nécessité, à la présence à la tête des affaires d’un homme qui, par un procédé ou par un autre, apparaît comme évidemment revêtu de la confiance de la nation et en mesure de l’incarner face aux dangers extérieurs ou intérieurs (…)

M. le Premier ministre. Rappelez-vous, mesdames, messieurs, les difficultés qu’ont connues, pour jouer ce rôle, les présidents élus par le Parlement, souvent après une série de scrutins interminables, et qui, même lorsqu’ils acquéraient dans l’exercice de leurs fonctions, le respect du peuple, comme tous ont su le faire, étaient souvent, au départ, peu ou mal connus et toujours désarmés face aux divisions de nos partis politiques. Je pourrais citer ici les Mémoires du président Poincaré, désespéré dans les premiers temps de son septennat par les crises incessantes alors que montait à l’horizon le spectre de la guerre. Dans le même esprit, on pourrait rappeler l’expérience du président Albert Lebrun et j’ai cité moi-même le message du dernier Président de la IVe République. (…)

Dans un pays aussi évolué que la France, dans un peuple qui a fait tant d’expériences, les aventuriers n’ont plus leur place par l’élection, et, d’ailleurs, nous les voyons préférer le coup de force et l’assassinat qu’aucune précaution constitutionnelle ne saurait empêcher. » (…)

Si l’Assemblée nationale renverse le Gouvernement, le Président peut la dissoudre, mais la nouvelle Assemblée sera en place pour au moins un an et il faudra bien qu’il s’en accommode. (Applaudissements à gauche et au centre.)

En fait, l’Assemblée nationale garde – c’est normal – une place prépondérante dans l’État et ses armes sont puissantes. Le risque de déséquilibre des pouvoirs existe – je le répète – dans le sens de l’affaiblissement des pouvoirs de l’exécutif.

C’est ce péril que nous désirons conjurer en tâchant de maintenir à la fonction de Président de la République son importance, en intéressant pour cela à son élection chaque citoyen dont il est bon qu’il se sente directement concerné par le choix du chef de l’État afin de se sentir par là associé personnellement aux grandes lignes de la politique nationale. »

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Le 23 septembre 1973, douze jours après le coup d’État militaire d’Augusto Pinochet au Chili, on apprenait la mort du poète et homme politique communiste Pablo Neruda atteint d’un cancer… Mais sa mort relève plutôt d’un assassinat, dénonce sa famille depuis plusieurs années. Alors qu’un rapport d’expert très attendu sera rendu ce 15 février 2023, voici le récit de ce décès très politique qui raconte, en creux, l’histoire récente du Chili. 

Le poète et homme politique chilien Pablo Neruda est-il bien mort en 1973 d’un cancer, comme l’a affirmé le pouvoir de Pinochet, au moment de son décès ? Ou s’agit-il plutôt d’un assassinat politique, comme le dénoncent depuis des années les communistes chiliens et la famille du lauréat du prix Nobel de littérature ? À cette question, qui agite de nombreux experts depuis des années, une réponse (peut-être définitive) devrait être apportée ce mercredi 15 février 2023.

Un rapport très attendu, qui vise à conclure une enquête ouverte en 2011, doit en effet être remis dans la matinée ce 15 février (à 13 h, heure française). Il pourrait accréditer la thèse d’un empoisonnement politique, selon les premiers éléments révélés par la famille de l’auteur sud-américain. Rodolfo Reyes, avocat et neveu de Pablo Neruda a en effet révélé au média espagnol Cadena Ser lundi 13 février que son oncle a été assassiné par des « agents de l’État ». Sa mort serait donc bien due à une bactérie venue de l’extérieur et non au cancer de la prostate dont il souffrait. Selon lui « il ne fait aucun doute que Neruda a été tué par une intervention directe d’un tiers ». On ignore toutefois si le rapport sera aussi définitif que le laisse penser la famille de l’auteur.

Photo datée du 21 octobre 1971 de l’écrivain, poète et diplomate chilien, Pablo Neruda, alors ambassadeur du Chili en France, répondant aux questions des journalistes à l’ambassade chilienne, après avoir reçu le Prix Nobel de Littérature 1971.© AFP

Un certificat de décès très clair… mais beaucoup de questions

Pour comprendre pourquoi cette question est si sensible, il faut remonter à l’année 1973, sûrement l’année la plus importante de l’histoire récente du Chili. Quatre ans plus tôt, l’ex sénateur communiste Pablo Neruda renonce à sa candidature à la présidentielle au profit de son allié le socialiste Salvador Allende. Ce dernier fini par l’emporter en 1970, et Pablo Neruda, soutien actif de Salvador Allende, est nommé ambassadeur en France.

Manuel Araya, le chauffeur de Pablo Neruda, le 6 mars 2013, à San Antonio, au Chili.© CLAUDIO SANTANA / AFP

Cet amoureux de la culture française y vit quelques années (il achète même une maison en Normandie à Condé-sur-Iton), avant de revenir au Chili en 1972. A son retour, une foule en liesse l’acclame au Stade National, à Santiago.

Mais Salvador Allende est renversé par le coup d’État militaire de Pinochet le 11 septembre 1973. Douze jours plus tard, le 23 septembre 1973, Pablo Neruda, meurt à l’hôpital, à la clinique Santa María de Santiago, à l’âge de 69 ans. Le certificat de décès est alors très clair : une aggravation soudaine de son cancer, qui lui avait été diagnostiqué en France en 1969, est la cause de la mort.

Mais cette version a été contestée de manière publique en 2011. « Manuel Araya, chauffeur du poète, communiste lui aussi, a révélé en 2011 que la mort de son ami a eu lieu suite à un empoisonnement », rappelle Marie-Laure Sara-de La Vaissière, enseignante-chercheuse et docteure spécialisée en études latino-américaines. Pour le grand public, cette thèse, qui n’existait que dans les milieux communistes chiliens, est alors une surprise. « Quand j’ai commencé à travailler sur Pablo Neruda, je n’avais jamais entendu parler de ça », se souvient Marie-Laure Sara-de La Vaissière, autrice d’une thèse intitulée L’inquiétude dans les recueils posthumes de Pablo Neruda .

Selon le récit du chauffeur, tout se serait joué à l’hôpital. Alors que Pablo Neruda cherche à fuir le Chili pour le Mexique et que le départ est prévu pour le 24 février, il se rend le 23 février dans une clinique pour avoir des soins pour son cancer. Pablo Neruda, qui dit à ses proches aller bien à ce moment-là, demande à son chauffeur et sa femme que des livres soient envoyées au Mexique avec lui. Ces derniers partent donc dans sa maison chercher ses livres. « Mais dans l’après-midi, ils reçoivent un appel de Neruda. Il leur dit que des médecins sont venus lui faire une injection alors qu’il dormait », explique Marie-Laure Sara-de La Vaissière.

Une partie des 16 experts qui ont examiné le corps de Pablo Neruda pour déterminer la cause de sa mort, lors d’une conférence de presse à Santiago, le 20 octobre 2017.© LEO OYARZO / AFP

La suite est racontée par le chauffeur Manuel Araya, interrogé par L’humanité en 2013  : « Lorsque nous revenons à la clinique, Neruda est rouge, il me dit que tout son corps le brûle. C’est très étrange, mais on [des médecins de l’hôpital] m’envoie acheter un médicament. Pourquoi, alors que nous sommes dans un hôpital ? ».

« Le chauffeur proteste et est finalement arrêté par la police, il reçoit une balle dans la jambe, puis est torturé et emprisonné », ajoute Marie-Laure Sara-de La Vaissière. Ce soir du 23 février, Pablo Neruda meurt.

L’hypothèse de l’assassinat, très vite jugée crédible

Cette hypothèse d’un empoisonnement est très vite jugée crédible. Pablo Neruda était très engagé politiquement (il avait notamment aidé à recueillir de nombreux réfugiés du régime franquiste en Espagne) et il était en train de devenir un vrai opposant à la dictature d’extrême droite de Pinochet. « Ces dernières productions artistiques étaient très politiques », a étudié Marie-Laure Sara-de La Vaissière dans sa thèse. « C’était donc une cible possible de la dictature parce qu’il était engagé politiquement », abonde Rafael Pedemonte, historien et spécialiste de l’idée révolutionnaire pendant le XXe siècle en Amérique latine.

« Pour Pinochet, la crainte était que Neruda, qui allait se rendre au Mexique, devienne une figure majeure de l’opposition chilienne en exil », explique ce maître de conférences à l’Université de Poitiers. « Neruda allait chercher des appuis internationaux pour dénoncer la dictature. Une fois à l’étranger, Pinochet aurait eu pleins de dirigeants contre lui », anticipe Marie-Laure Sara-de La Vaissière.

De même, son enterrement, a été un moment politique très fort, preuve de la menace qu’il pouvait représenter pour le pouvoir militaire. « Le début de la dictature a été l’un des moments les plus noirs du régime de Pinochet. Dès les premiers jours de la dictature, il y a eu de la torture, des assassinats dans la rue, des camps de concentration, des massacres de militants de gauche… », rappelle Rafael Pedemonte. « Mais, lors des funérailles, des milliers de personnes, de droite et de gauche confondus, se sont rendues à l’enterrement, ce qui montre qu’il faisait consensus. On a alors entendu des chants communistes dans la rue, malgré la police et le climat de terreur », poursuit Marie-Laure Sara-de La Vaissière. « Beaucoup d’historiens considèrent que les funérailles ont été la première manifestation contre Pinochet, ce qui dit aussi pourquoi Pinochet a voulu l’assassiner », ajoute-t-elle, alors que ces funérailles ont été filmées par plusieurs journalistes. Des vidéos de l’événement sont encore disponibles aujourd’hui sur YouTube .

Le chauffeur de l’auteur, Manuel Araya, dans son interview à L’humanité  ne dit pas autre chose : « Il était un symbole à abattre. Il fut sénateur, candidat à la présidence, prix Nobel, communiste. Il était connu, reconnu et apprécié du peuple. »

On comprend donc facilement l’intérêt pour Pinochet de tuer Pablo Neruda. D’autant que « ça ne serait pas la seule fois où des opposants à Pinochet seraient morts dans des circonstances troubles », selon Rafael Pedemonte. « Neuf ans après la mort de Pablo Neruda, un homme politique chilien, Eduardo Frei Montalva, président du Chili de 1964 à 1970 et opposant à Pinochet, a été empoisonné de la même façon, dans le même hôpital. C’était une pratique commune, les opposants étaient traqués de toutes les manières possibles, donc ça correspond aux pratiques de Pinochet », analyse Marie-Laure Sara-de La Vaissière.

Mais si l’assassinat paraît très probable, encore faut-il pouvoir le prouver, ce pour quoi les conclusions du rapport révélées ce 15 février sont très attendues.

Lire aussi : ENTRETIEN. Gabriela Barrenechea, de la dictature de Pinochet à Angers

Le mystère principal semble résolu, mais d’autres questions restent en suspens

Le Parti communiste chilien, qui a toujours pensé à un empoisonnement, a déposé une plainte en 2011 pour éclaircir les circonstances de la mort de Pablo Neruda. Depuis, trois autopsies ont réalisées et la dépouille de Pablo Neruda a été exhumée en 2013. La première, faite par des médecins chiliens en avril 2013 conclut au cancer. Mais elle est invalidée par la suite. « Une deuxième expertise avec 16 spécialistes de plusieurs pays révèle la présence d’une bactérie qui a été injectée dans le corps de Pablo Neruda. Cette bactérie l’aurait achevé, vu qu’il était très faible à cause de son cancer. La troisième autopsie, dont les résultats seront rendus ce 15 février devrait confirmer cette hypothèse, à en croire les déclarations du neveu de l’auteur », explique Marie-Laure Sara-de La Vaissière.

Avec ces deux derniers rapports semblant confirmer la thèse d’un assassinat politique, on s’oriente donc vers la fin du mystère entourant la mort de Pablo Neruda. « J’ai l’impression que [les preuves] apporteront des conclusions qui pourraient être définitives afin que la magistrate qui est actuellement en charge de l’enquête puisse prendre une décision finale », avait déclaré en janvier 2023, Mario Carroza, juge coordinateur de l’enquête, selon l’AFP.

Mais certains mystères restent entiers. Pourquoi l’enquête a-t-elle mis plus de dix ans ? « Il a fallu du temps pour revenir sur cette période de la dictature, d’autant que les beaucoup de gens liés au régime de Pinochet sont toujours là », répond Marie-Laure Sara-de La Vaissière, qui rappelle que le jugement de Pinochet a mis des années et que le régime militaire avait pour habitude d’effacer toutes les preuves.

De même, pourquoi la femme de Pablo Neruda, Matilde Urrutia, morte en 1985, n’a-t-elle jamais rien dit et n’a jamais parlé de cette possibilité d’un empoisonnement ? « Mon hypothèse est qu’elle voulait absolument créer une fondation pour Pablo Neruda et soutenir les jeunes poètes et qu’elle a obtenu cette fondation au prix de devoir garder le silence. De plus, elle avait peur de voir ses biens confisqués par la dictature militaire  », estime Marie-Laure Sara-de La Vaissière.

Une figure « de plus en plus contestée »

Dans tous les cas, ce rapport, qui devrait venir confirmer l’hypothèse de l’empoisonnement partagée par beaucoup de Chiliens et Chiliennes, intervient à un moment où l’aura de Pablo Neruda est beaucoup moins grande qu’auparavant. Si son œuvre reste un classique de la littérature chilienne et sud-américaine, « la figure de Neruda est de plus en plus contestée », rappelle en effet Rafael Pedemonte.

En cause, un viol qu’il reconnaît dans son autobiographie posthume J’avoue que j’ai vécu, publiée en 1974. Alors que les Chiliennes ont été très nombreuses dans la rue ces dernières années pour réclamer l’égalité femmes hommes, et que le pouvoir actuel se présente comme féministe, avec beaucoup de femmes à des postes clés, les attaques contre Pablo Neruda se sont multipliées.

« Et puis, on a tellement parlé de Pablo Neruda au Chili, que les gens ont aussi envie qu’on parle d’autres auteurs et autrices », ajoute Marie-Laure Sara-de La Vaissière. La figure de Neruda s’est donc un peu effritée au profit de l’autre grande figure de la littérature chilienne, Gabriela Mistral, première autrice latino-américaine à avoir eu un Nobel de littérature et ancienne enseignante.

« Dans ce contexte de revendication féministe très fort au Chili, l’image de Neruda est remise en question, alors que celle de Gabriela Mistral est beaucoup plus mise en avant », explique Rafael Pedemonte. Ce pour quoi ce mystère autour de la mort est donc vu avec une certaine distance part certains Chiliens et Chiliennes, qui regarderont de loin les résultats de l’enquête.

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« Mon Dieu, si nous avons commis des fautes, nous les avons certainement expiées aussi ! » – Marie-Antoinette

Onzième fille de l’Empereur François Ier de Lorraine et de Marie-Thérèse d’Autriche, Marie-Antoinette, née le 2 novembre 1755, épouse au printemps 1770 le futur Louis XVI. Ce mariage vise à réconcilier et sceller l’alliance entre la monarchie française et celle des Hasbourg. Devenue reine à seulement 18 ans, celle qui fut surnommée tour à tour « L’Autrichienne », « Madame Déficit » et « Madame Veto », reste un personnage mythique après sa mort survenue le 16 octobre 1793.

PROCÈS DE MARIE-ANTOINETTE

– Sommaire –
CONTEXTE– La veuve Capet
– Le complot des oeillets
L’INSTRUCTION– Un dossier vide
– Les faits imputés
LE PROCÈS– Coupable désignée
– La condamnation
Marie-Antoinette, reine de France et de Navarre - Licence : domaine public

LE CONTEXTE

La veuve Capet

Marie-Antoinette emprisonnée à la Conciergerie - Source : By Sophie Prieur after Alexander Kucharsky (1741-1819) [Public domain], via Wikimedia CommonsAprès l’exécution de Louis XVI, le 21 janvier 1793, Marie-Antoinette sombre dans une profonde prostration. Toujours enfermée  dans la prison du Temple depuis le mois d’août 1792, personne ne semble se soucier de son sort. Face à la coalition des puissances étrangères, la Convention adopte une série de mesures d’exception (création d’un tribunal révolutionnaire et établissement de listes de suspects notamment).

Ce n’est qu’en mars 1793 que son sort est évoqué par Robespierre devant la Convention ; il demande que la reine soit traduite devant le Tribunal révolutionnaire. Pour éviter un présumé complot qui aurait pour but d’enlever le fils de Louis XVI et de le proclamer sous le nom de Louis XVII, on la sépare de son fils en juillet. Cette séparation achève de la briser. Demeurant avec sa fille, Madame Royale, et sa belle-sœur, Madame Elizabeth, la « veuve Capet » est transférée à la Conciergerie dans la nuit du 2 août 1793. Là-bas, offerte aux yeux du public, le spectacle de « l’Autrichienne » en prison devient une source de revenus au profit du concierge.

Le complot des œillets

Plusieurs solutions ont été envisagées pour sauver la reine. La seule qui a failli réussir revient à Jean-Baptiste Michonis, inspecteur des prisons, et Alexandre Gonsse de Rougeville, ancien chevalier du roi Louis XVI. Venus visiter la reine le 28 août 1793, le chevalier  porte deux œillets rouges à la boutonnière qu’il laisse tomber afin que la reine puisse lire les messages roulés dans les pétales. Les deux hommes repartent rapidement accompagnés d’un des gendarmes. Marie-Antoinette prend connaissance des deux billets qui lui dévoilent un projet d’évasion. Privée de crayon, elle répond en traçant des lettres à coups d’épingle sur un papier. Mais le stratagème est découvert et, profitant de cette affaire, la Convention envoie deux députés pour l’interroger.

Sur fond de menaces intérieures et extérieures, l’affaire de l’œillet ravive la haine contre la « louve autrichienne » et n’est qu’un prétexte pour instruire son procès. La proposition du député Billaud-Varenne tendant à ce que « la veuve Capet, la honte de l’humanité et de son sexe« soit décrétée d’accusation et exécutée, est adoptée le 3 octobre 1793.

L’INSTRUCTION

Un dossier vide

Le 12 octobre 1793, à 06 heures, Marie-Antoinette subit un interrogatoire secret destiné à préparer l’audience devant débuter le surlendemain. Entourée de deux gendarmes et d’un huissier, elle traverse la cour des hommes puis, par l’escalier Bonbec, pénètre dans la salle d’audience du Tribunal révolutionnaire. Cette « salle de la Liberté » (Grand’chambre) est la salle dans laquelle les rois tenaient jadis leurs lits de justice.

La reine est invitée à s’asseoir sur une banquette, devant le bureau du jeune président du tribunal, Martial Joseph Armand Herman qui fait office de juge d’instruction, et en présence de l’accusateur public Fouquier-Tinville.

Le Président Herman demande d’abord à la reine ses nom, âge, profession, pays, et demeure.

La reine répond : « Marie-Antoinette de Lorraine d’Autriche, âgée de 37 ans, veuve du roi de France« .

Puis, il articule son instruction autour de quelques thèmes majeurs :

  • ses relations coupables avec l’Autriche
  • ses dépenses excessives ;
  • son influence néfaste sur Louis XVI ;
  • son rôle dans plusieurs épisodes controversés de la Révolution : le banquet du 1er octobre 1789, la fuite en berline suivie de l’arrestation à Varennes, le massacre des Tuileries (10 août 1792) et plus récemment la « conspiration de l’oeillet ».
Les faits imputés

Les questions posées à Marie-Antoinette n’appellent pas de réponses : elles constituent déjà des accusations.

Accusation : « Non contente de dilapider d’une manière effroyable les finances de la France, fruit des sueurs du peuple, pour vos plaisirs et vos intrigues, de concert avec d’infâmes ministres, vous avez fait passer à l’empereur des millions pour servir contre le peuple qui vous nourrissait ».

Marie-Antoinette (s’exprimant à la troisième personne du singulier): « Jamais, elle sait que souvent on s’est servi de ce moyen contre elle ; qu’elle aimait trop son époux pour dilapider l’argent de son pays ; que son frère n’avait pas besoin de l’argent de la France ; et par les mêmes principes qui l’attachaient à la France, elle ne lui en aurait point donné ».

Accusation :  » Lorsqu’il était question de savoir si Louis Capet sanctionnerait ou opposerait son veto aux décrets rendus dans le courant de novembre 1791, concernant ses frères, les émigrés et les prêtres réfractaires et fanatiques, ce n’est pas elle qui a déterminé Louis Capet à apposer son veto à ces décrets ? ».

Marie-Antoinette : « Que son époux n’avait pas besoin qu’on le pressât pour faire ce qu’il croyait de son devoir ; qu’elle n’était point de conseil ; et que ce n’est que là que ces sortes d’affaires se traitaient et se décidaient ».

Accusation : « C’est vous qui avez appris à Louis Capet cet art de profonde dissimulation avec laquelle il a trompé trop longtemps le bon peuple français, qui ne se doutait pas qu’on pût porter à un tel degré la scélératesse et la perfidie ? ».

Marie-Antoinette : « Oui le peuple a été trompé ; il l’a été cruellement, mais ce n’est ni par son mari, ni par elle ».

Accusation : « Vous n’avez jamais cessé un moment de vouloir détruire la liberté ; vous vouliez à quelque prix que ce fût remonter au trône sur les cadavres des patriotes ? ».

Marie-Antoinette : « Qu’ils n’avaient pas besoin de remonter sur le trône, qu’ils y étaient ; qu’ils n’ont jamais désiré que le bonheur de la France, qu’elle fut heureuse ; mais qu’elle le soit, ils seront toujours contents ».

LE PROCÈS

Coupable désignée

Depuis la mort du roi, la reine n’a plus la même densité politique, et « la veuve Capet », à la différence de son époux, comparait devant une véritable institution et non pas devant la représentation nationale.

Son procès débute le 14 octobre 1793 et va durer deux jours. Ses avocats commis d’office, Chauveau-Lagarde et Tronçon-Ducoudray, sont avertis à la dernière minute et ont à peine le temps de décortiquer l’amas confus et volumineux des pièces du procès.

Marie-Antoinette à la Conciergerie sous la surveillance constante de ses geôliers - Source : Oscar Rex [Public domain via WikiPedia Commons]Trois chefs d’accusation sont retenus :

– d’avoir épuisé le trésor national

– d’avoir entretenu des intelligences et des correspondances avec l’ennemi

– d’avoir tramé des conspirations contre la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat

Les témoignages qui se succèdent à la barre n’apportent guère de charges sérieuses contre l’accusée, qualifiée de « fléau et de sangsue des français« par l’accusateur public, Fouquier-Tinville.

Les attaques personnelles se multiplient allant même jusqu’à l’accuser d’inceste. Indignée, sa célèbre riposte « Si je n’ai pas répondu, c’est que la nature elle-même refuse de répondre à de telles accusations faites à une mère. J’en appelle à toutes les mères! » va émouvoir et transformer l’atmosphère du tribunal, sans pour autant atteindre les jurés.

Malgré l’ardeur de ses avocats qui opposent à la gravité des accusations l’absence de preuves, le sort de la reine est déjà fixé.

La condamnation                                                             

Quatre questions sont posées aux jurés :

  • Est-il constant qu’il ait existé des manœuvres et des intelligences avec les puissances étrangères et autres ennemis extérieurs de la République, lesdites manœuvres et des intelligences tendant à leur fournir des secours en argent, à leur donner l’entrée du territoire français et à leur faciliter le progrès de leurs armes ?
  • Marie-Antoinette d’Autriche (…) est-elle convaincue d’avoir coopéré à ces manœuvres et d’avoir entretenu ces intelligences ?
  • Est-il constant qu’il ait existé un complot et une conspiration tendant à allumer la guerre civile à l’intérieur de la République ?
  • Marie-Antoinette est-elle convaincue d’avoir participé à ce complot et à cette conspiration ? 

Condamnée à mort pour haute trahison le 16 octobre 1793, elle est guillotinée le jour même sur la place de la Révolution (l’actuelle place de la Concorde).

Marie-Antoinette avant son exécution - Source : By William Hamilton (1751-1801) (Vizille, musée de la Révolution française) [Public domain], via Wikimedia Commons

Inhumée au cimetière de la Madeleine auprès de son mari dans une fosse commune, son acte de décès est établi le 24 octobre 1793 : « Du trois du second mois de l’an Second de la République française (24 octobre 1793). Acte de décès de Marie Antoinette Lorraine d’Autriche du vingt-cinq du mois dernier (16 octobre 1793) âgée de trente-huit ans, veuve de Louis Capet, vu l’extrait du jugement du tribunal criminel révolutionnaire et du procès-verbal d’exécution en date du 25 du mois dernier« .

En 1815, ses restes sont transférés à la basilique Saint-Denis. L’ancien cimetière, renommé aujourd’hui le square Louis XVI,  abrite une chapelle érigée en 1826 en leur mémoire.

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Au lendemain de l’indépendance, la plupart des Algériens engagés dans l’armée française vont rentrer dans leurs villages. Si, selon les historiens, le Front de libération nationale (FLN) n’a pas donné l’ordre de les exécuter, un très grand nombre a été emprisonné ou assassiné.

© Fournis par franceinfo

Les accords d’Evian, signés le 18 mars 1962, devaient mettre fin à sept années de guerre en Algérie et protéger les différentes communautés. Ils annoncent le rapatriement précipité de 800 000 pieds-noirs et l’abandon des harkis (le mot désigne les Algériens engagés dans l’armée française).

De Gaulle ne veut pas accueillir les harkis

Sur les quelque 250 000 harkis dénombrés en Algérie en 1962, 40 000 seulement rejoindront la France – 90 000 en comptant leurs familles. La moitié d’entre eux traverseront la Méditerranée par leurs propres moyens, avec l’aide d’officiers qui refuseront d’abandonner « leurs frères d’armes », désobéissant ainsi aux ordres venus de Paris.

De Gaulle, pressé d’en finir avec « la question algérienne », ne veut pas les accueillir malgré les menaces. Il ne considère pas les harkis comme des rapatriés, ni même comme des réfugiés, puisqu’ils sont censés être protégés par les accords signés. Paris est déjà surpris par le départ accéléré de centaines de milliers de pieds-noirs qui quittent en catastrophe leur Algérie natale.

La grande majorité des harkis restent donc en Algérie où ils vont subir de violentes représailles de la part du Front de libération nationale (FLN). Les accords d’Evian avaient acté le principe de non représailles contre les musulmans qui s’étaient engagés avec la France. Il n’en sera rien. Le FLN les considère comme des traîtres. Après les jugements expéditifs de « tribunaux populaires », entre 60 000 et 80 000 d’entre eux seront assassinés dans les mois suivant l’indépendance.

Ces hommes engagés au côté de l’armée française ne l’ont pas fait « par choix idéologique », indique l’historien Pierre Daum, auteur de l’ouvrage Le Dernier tabou. Certains ont refusé de rejoindre le FLN à cause de ses méthodes d’intimidation, d’autres parce qu’ils étaient partisans des réformistes du Mouvement national algérien (MNA) de Messali Hadj, d’autres encore en raison de vieux différends claniques.

« Mais pour la plupart d’entre eux, s’ils se sont engagés du côté français, c’est parce que leur famille était en train de mourir de faim dans des camps de regroupement », affirme Pierre Daum. A partir de 1955, l’état-major français avait décidé de vider les campagnes pour couper les combattants de l’Armée de libération nationale (ALN) de toute base arrière. 2,5 millions de paysans sur un total de 8 millions d’Algériens avaient alors quitté leurs villages pour rejoindre ces camps de regroupement.

Conditions indignes

Pour les 90 000 harkis qui rejoignent la France, les souffrances sont loin d’être terminées. Si une moitié se disperse dans l’Hexagone, une autre moitié se retrouve parquée dans des « camps de transit » entourés de barbelés. Ils vivront dans des conditions indignes dans ces baraquements surveillés par des gardiens durant de longues années, puisque les derniers ont été fermés en 1975.

Le président François Hollande a solennellement reconnu le 25 septembre 2016 les « responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France ».

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