Le candidat Jean Louis Robinson
« Des fraudes massives durant les élections »
Le candidat du parti Avana , Jean Louis Robinson, tout contrairement à Hery Rajaonarimampianina, n’a pas cessé de donner son point de vue sur les élections du 20 décembre dernier. Ce candidat, avec ses soutiens, a toujours dénoncé depuis le 21 décembre dernier l’existence de fraudes dans plusieurs bureaux de vote dans tout Madagascar.
L’ensemble des soutiens de Jean-Louis Robinson a répété ces accusations hier soir à l’Hôtel Carlton d’Anosy lors d’une conférence de presse qu’ils ont organisé. Plutôt qu’une conférence de presse, il s’agissait d’ailleurs plutôt d’une présentation orchestrée par l’ancien ministre Gilbert Raharizatovo. De nombreux témoignages ont été présentés. Concernant les fraudes, les témoins ont chacun cité des irrégularités et anomalies, en insistant notamment sur l’existence de bulletins pré-cochés et d’électeurs fantômes.
Certains fokontany dans les provinces comme celle de Majunga ont eu des problèmes avec des électeurs qui ne faisaient même pas partie des résidents du Fokontany. Ces personnes étaient venues exprimer leurs choix dans ces fokontany sans y résider, selon toujours le témoin.
L’utilisation de stylos ou de feutres qui différaient de ceux mis à la disposition des électeurs pour marquer les bulletins dans les isoloirs (avec par exemple des marques de stylos rouges) a été également constatée par les équipes de Jean Louis Robinson. Ceux-ci ont également affirmé avoir des preuves concernant des bulletins de vote dont les numéros de série ne correspondaient pas aux bureaux de vote concernés. La pénurie de bulletins de vote dans certains bureaux de vote a également été constatée : non seulement les électeurs de ces bureaux n’ont pu s’exprimer, mais les bulletins ont probablement été détournés pour perpétrer des fraudes dans d’autres régions, ont estimé les conférenciers.
Pour ceux-ci, les distorsions dans la liste électorale représentaient 6% de celle-ci, sans qu’il soit cependant précisé ce qui relèverait de fraudes ou de simples erreurs. Raymond Ranjeva soulignait que la liste électorale avait été dressée par ordre alphabétique plutôt que par ordre d’inscription comme prescrit par la loi, ce qui a facilité l’introduction d’électeurs fantômes avec des variations d’un même nom. Le nombre des inscrits dans la liste électorale n’est pas en rapport avec les votes exprimés, ont-ils également observé dans certains bureaux de vote.
Le candidat du parti Avana de dire que tout a été bien planifié à compter de l’élaboration des candidats de l’État jusqu’à l’élaboration des différents décrets jusqu’au jour du vote, faits qui ont permis d’exercer des pressions sur les chefs de district et agents électoraux pour faire voter en faveur du candidat d’État. L’expression « terrorisme administratif » a même été avancée. Outre l’utilisation de biens publics, les conférenciers ont également constaté que certains délégués des candidats favorisés par l’État n’ont pas accepté de fermer les enveloppes contenant les procès verbaux. Ce cas a été constaté dans la région Sud du pays.
Les conférenciers ont ainsi déclaré que les preuves qu’ils disposent ont été déjà rassemblées : vidéo, photos, documents. Ils prévoient de les déposer auprès de la CES ce jour où le dépôt des requêtes est clôturé. Ils demanderont à la CES que celle-ci exige de la CENIT la communication du tableau de répartition des bulletins de vote distribués par bureau de vote selon leurs numéros de série, puis qu’elle fasse procéder à la vérification matérielle et contradictoire des bulletins exprimés dans les bureaux de vote, afin d’aliéner les bulletins présentant des anomalies et procéder à un recomptage contradictoire des voix réellement obtenues.
Chacun des représentants de ce candidat dans chaque région et district a affirmé également qu’ils vont continuer à enquêter sur ces problèmes.
Les orateurs ont souligné qu’il était du devoir de tous de faire régner la plus grande transparence, afin d’instaurer un vrai climat de confiance. Et Jean Louis Robinson, tout en soulignant qu’il n’avait pas peur de perdre le scrutin si cela devait être effectivement le cas, de lancer un appel aux responsables et à la communauté internationale afin qu’ils prennent leur responsabilité pour permettre à Madagascar de véritablement tourner une page de son histoire. Il recommande cependant à la population malgache de garder la sérénité en attendant les résultats définitifs. Notons que des politiciens et soutiens de ce candidat ont été présents au Carlton d’Anosy hier soir comme Sarah Georget Rabearisoa, Mangalaza Eugène, Hanitra Razafimanantsoa…
La conférence d’hier visait à convaincre le public que la fraude était possible. Il reviendra à la CES de juger si elle est avérée. Et à la communauté internationale, qui sera un jour appelée à reprendre ses financements à Madagascar, d’apprécier s’il peut y avoir fumée sans feu.