Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen depuis 2020© Fournis par Le Huffington Post
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« Alors que les JO n’ont pas encore commencé, ce maire français a déjà tout gagné », pouvait-on lire en Une de l’édition internationale à la mi-avril. À la question de savoir comment on se retrouve dans l’un des plus grands quotidiens du monde, l’élu de 51 ans répond : « Nous avons une vision du concret pour Saint-Ouen et ça, ça plaît beaucoup aux États-Unis », un pays qui ne lui est pas étranger. Il y a vécu pendant plusieurs années dans son ancienne vie de directeur d’une entreprise de cybersécurité.
Tony Parker à Saint-Ouen
À moins de 100 jours de la cérémonie d’ouverture et alors que les inquiétudes sécuritaires grandissent, le maire, père de trois enfants, se dit lui confiant. Il en est certain « cet évènement sera exceptionnel », un optimisme (de nature semble-t-il) qui tranche avec une forme d’« autoflagellation structurelle typiquement française ». Pour Saint-Ouen, les jeux agissent comme un « accélérateur de particulier » s’enthousiasme-t-il.
« L’abandon par la gauche de la sécurité est une faute politique »
Le cadet d’une famille d’immigrés marocains, dont le père était analphabète à son arrivée en France, a forgé son identité autour d’une double casquette locale globale. Il est persuadé que l’on « change le national à partir du local » et veut « transformer la quotidienneté des Audoniens », qu’importe le « snobisme franco-français pour le local ».
Dès son installation à la tête de la municipalité de près de 50 000 habitants en 2020, Karim Bouamrane s’est fait une promesse : faire de Saint-Ouen, une ville S.A.F.E, sûre, apaisée, fraternelle et écologique. « L’abandon par la gauche de la sécurité est une faute politique », tance-t-il.
Les émeutes, « pas un problème de banlieue »
Quand les médias français s’intéressent à lui, c’est souvent pour commenter « l’actualité des banlieues », chose qu’il refuse de faire. Il ne veut pas être « assigné à résidence thématique, intellectuelle et réputationnelle ». « Je suis ni sociologue, ni politologue, ni toutologue » poursuit-il.
Quand il accepte en juillet 2023, quelques jours après les émeutes consécutives à la mort de Nahel, de livrer son analyse au magazine L’Express, il veut le faire en longueur. Et tient alors à faire passer un message : ce moment ne relève pas d’un « problème de banlieue » mais reflète un malaise global commun aux territoires éloignés des centres de décisions.
« Les coups les plus violents viennent d’une maman solo qui peine à boucler ses fins de mois, pas des politiques »
Des décisions, Karim Bouamrane a dû en prendre depuis son entrée en politique en 1995 en tant qu’élu au conseil municipal de Saint-Ouen. Refusant de « vivre uniquement de la politique » et soucieux de multiplier les expériences à l’étranger notamment pour « aérer et nourrir son mandat », il travaille en parallèle pour le secteur privé dans le domaine de la cybersécurité, « sa passion ». Et puis, il a fallu faire un choix. En 2020, il met un « stop à une carrière à son apogée » plus rémunératrice que le chemin qu’il a finalement emprunté ; une « question d’honnêteté » envers lui-même et ses électeurs, dit-il.
Est-ce à dire qu’il se voit un avenir politique ? Dans le portrait du New York Times, une petite phrase a attiré l’attention du HuffPost : « M. Bouamrane ne cache pas ses ambitions nationales », peut-on lire. Mais bien qu’il dise « détester la langue de bois », il s’y laisse aller quand on lui demande de préciser sa pensée. « En tant que responsable politique, oui nous avons un rôle à jouer, et si je dois être leader, je le serai, élude-t-il disant aussi ne pas craindre les rivalités politiques. Il faut les relativiser les coups en politique. Ils ne sont rien à côté de ce que subissent nos concitoyens. Les coups les plus violents viennent d’une maman solo qui peine à boucler ses fins de mois, pas des politiques ».
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