Un marabout est jugé à partir de ce mercredi pour viol et extorsion de fonds. L’homme de 34 ans aurait abusé de son statut religieux auprès de sept femmes pour en venir à ses fins en les entrainant dans un hôtel miteux de Montreuil pour les violer, entre 2018 et 2020. Il risque quinze ans de réclusion criminelle mais sa défense n’a pas souhaité s’exprimer.© Magali Cohen / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Elles voulaient soulager un pied douloureux, lever un obstacle à un mariage, tomber enceinte ou remettre un enfant dans le droit chemin. Elles ont été harcelées, menacées, pour aboutir, dans un climat de peur, dans la chambre d’un hôtel miteux de Montreuil (Seine-Saint-Denis). »Nos clientes sont très marquées par ce dossier très particulier. Pour elles, le chemin pour en arriver jusqu’au procès fut difficile, tant du fait de la nature extrêmement dure des faits que d’un accès difficile au droit pour certaines victimes », ont déclaré conjointement à l’AFP Mes Seydi Ba, Diala Al-Shaman et Julien Lefébure, avocats de plusieurs parties civiles.
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Plainte pour viol et extorsion
Après avoir refusé de recourir à ses services, elle cède face à ses menaces téléphoniques insistantes d’une malédiction amenée à s’abattre sur ses enfants. Par deux fois, elle lui remet de l’argent et lui demande de ne plus prendre contact avec elle. Pourtant le harcèlement et les demandes d’argent se poursuivent. La femme finit par accepter un rendez-vous à Montreuil, base de la diaspora malienne en France.
« Marabout violeur »
En poussant leurs recherches, les enquêteurs découvrent que l’homme est surnommé le « marabout violeur » par certaines femmes de la communauté ouest-africaine et suspecté d’avoir recouru au même mode opératoire sur de multiples victimes. Certaines des femmes concernées ont été directement abordées dans la rue par le mis en cause, qui dit avoir fui le Mali en 2014 suite à l’assassinat de son père par des jihadistes. D’autres sont venues d’elles-mêmes à lui pour solliciter ses pouvoirs rituels.
Le marabout a abreuvé nombre d’entre elles de messages WhatsApp alternant images pornographiques et photos d’objets vaudous (pattes de poulets, clous, bougies, couteaux…), instrumentalisant leurs croyances pour les plier à ses injonctions pécuniaires et sexuelles. Durant l’instruction, Ali S. a estimé que les plaignantes s’étaient entendues contre lui: « tout ça c’est de la politique, ces femmes complotent contre moi », a-t-il déclaré au juge d’instruction. Il encourt 15 ans de réclusion criminelle. Contactée par l’AFP, sa défense n’a pas souhaité s’exprimer avant l’audience, prévue jusqu’au 10 mai.
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