Plusieurs économistes nuancent la portée et l’efficacité du plan de soutien aux pays européen de 750 milliards d’euros.
Pour aider les pays de la zone euro et endiguer la crise financière, les 27 pays européens se sont accordés cette nuit sur un plan de soutien aux pays en difficulté financière, d’une hauteur de 750 milliards d’euros.
La somme se décompose de cette manière: la Commission européenne apporte 60 milliards de prêts, les pays de la zone euro 440 milliards d’euros de prêts et garanties et le Fonds monétaire international jusqu’à 250 milliards d’euros.
Objectif: calmer les marchés et la spéculation en stabilisant la zone euro, afin d’éviter que la crise grecque ne s’étende à l’Espagne, au Portugal, voire à l’Italie.
À très court terme, l’objectif semble être atteint puisque ce lundi matin, ce plan de soutien « euphorise les Bourses européennes », souligne Le Monde.fr.
D’ailleurs, suite à l’annonce de ce plan, l’autosatisfaction était de mise chez les « décideurs ». « Ce sont des mesures fortes qui contribueront à la stabilité économique et financière globale », a estimé le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Le plan va « renforcer et protéger l’euro », selon Angela Merkel. « C’est un signal extrêmement fort envoyé aux marchés », se félicite de son côté la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.
Mais sur le long terme, ce plan pour sauver la zone euro va-t-il être efficace?
Les spécialistes en doutent fort…
Ce plan européen « ne suffira pas » pour arrêter la spéculation
Chroniqueur au Monde-Économie et sur BFM Radio, Paul Jorion estime sur son blog que ce plan européen « ne suffira pas » pour arrêter la spéculation.
« Il reste un peu de naïveté cependant dans la démarche : défier la spéculation en se tambourinant la poitrine et en criant : ‘Je suis plus fort que toi !’, ça ne suffira pas. La spéculation est comme l’hydre de Lerne : on lui coupe l’une de ses sept têtes, ou même les sept à la fois, et elles repoussent aussitôt. Ce qu’il faut mettre en place, pour mettre la spéculation hors d’état de nuire, c’est une interdiction des paris sur les fluctuations de prix. On ne pourra pas en faire l’économie », écrit-il.
« Dans l’euphorie ambiante de ce matin, il ne faudrait pas perdre de vue que quelle que soit la radicalité apparente des mesures prises hier, le système qui siphonne l’argent du contribuable vers les plus grosses fortunes est toujours en place, et plus que jamais en excellente santé », conclut-il.
Paul Jorion est un « journaliste presslib' » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
« Il est à craindre que les marchés sentent à nouveau la faille et repartent à l’attaque »
Sur Slate.fr, Eric Le Boucher, ex-chroniqueur économique au Monde, pense aussi que ce plan ne suffira pas à calmer la spéculation sur le long terme.
Selon Eric Le Boucher, l’aide et l’austérité « ne sont pas suffisants » pour ramener la confiance des marchés, qui « ne reviendra durablement que si les gouvernements retrouvent le chemin de l’intégration européenne ».
Pour le chroniquer de Slate.fr, « les premiers à réaffirmer leur volonté européenne d’aller de l’avant doivent être les Allemands. » Si ce n’est pas le cas, « le bon plan adopté dimanche ne suffira pas », selon lui.
Ce plan ne fait que « soigner les symptômes »
L’économiste Nicolas Bouzou a également rappelé ce lundi matin sur France Info que si ce plan « va dans le bon sens », il ne fait que « soigner les symptômes ».
« On donne une énorme bouffée d’oxygène à la zone euro mais on ne règle pas les problèmes fondamentaux de cette zone », selon Nicolas Bouzou. A savoir « le surendettement de ses États comme la Grèce, le Portugal et l’Espagne ».
Pour Nicolas Bouzou, « à partir du moment où on aura des États qui seront dans une situation fragile, on aura un risque d’avoir des attaques spéculatives sur la dette des États ».
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