Des parents d’origine indienne ont été condamnés hier à un an de prison avec sursis pour avoir maltraité leur fille de 17 ans. Ils ont expliqué avoir voulu « éduquer » leur enfant.
GISÈLE LE GUEN
«La France est un bon pays. Mais quand je corrige ma fille, j’ai raison de le faire. » Cet ancien policier à Pondichéry (Inde), âgé de 46 ans, et aujourd’hui manutentionnaire à Savigny-le-Temple, n’a pas varié de sa ligne de conduite. Il reconnaît avoir frappé sa fille de 17 ans à coups de balai et de câble électrique.
Les époux, qui étaient poursuivis hier après-midi devant le tribunal correctionnel de Melun pour violences aggravées suivies d’incapacité supérieure à huit jours, semblaient n’avoir rien compris à ce qu’on leur reprochait. Ils appliquent l’éducation qu’ils ont reçue en Inde. D’où la réflexion du président Baudoin Thouvenot : « On ne sent pas chez eux un début de remise en cause. » A côté d’eux, leur fille reste traumatisée. Elle qui va passer son bac professionnel en vente l’an prochain a voulu leur échapper.
Le 27 juin, elle se rend à la gare de Savigny mais son père intervient et la frappe. Les caméras de surveillance filment la scène. Les policiers sont alertés et le père se retrouve en garde à vue. La victime raconte alors que son calvaire dure depuis au moins trois ans. Son « tort »? S’être élevée contre le mode d’éducation de ses parents. Pas de liberté mais des tâches ménagères à exécuter. Son avocate, Me Sophie Ksentine, insiste : « Cette jeune fille, arrivée en France à l’âge de 9 ans, s’est parfaitement adaptée. Ses parents, non. Ils ont fait le choix de lui donner des coups, de la torturer. On n’est pas loin d’actes de torture et de barbarie et même de sévices. »
Aujourd’hui, l’adolescente est placée dans une famille d’accueil. « Et je ne veux pas retourner chez eux », lance-t-elle en direction de ses parents. Pour sa part, la substitute du procureur a martelé en direction du couple : « L’éducation reçue en Inde ne doit pas être donnée en France. Les faits sont d’une extrême gravité avec des violences commises au sein de la structure familiale qui sont à la limite de la barbarie. » De son côté, l’avocate de la défense, Bérangère Richard, a mis en avant que, « dans ce dossier, on est dans une dimension culturelle importante. Il y a clairement un problème d’intégration, ajoute-t-elle. Ils n’ont fait que reproduire un schéma éducatif qu’eux-mêmes ont reçu. »
Au final, le couple a donc écopé de la peine requise par le procureur, à savoir un an de prison avec sursis. Le tribunal a également ordonné une expertise pour évaluer précisément les blessures subies par la victime avant l’audience sur les intérêts civils qui se tiendra le 18 octobre prochain.
Le Parisien
En Inde, deux enfants sur trois victimes de mauvais traitements
Plus d’un enfant sur deux : c’est la proportion d’enfants victimes de violences sexuelles, en Inde. Un pays où vit un enfant sur cinq sur la planète. Pour la première fois, une étude commandée par le ministère des Femmes et du Développement de l’enfant lève le voile sur la maltraitance physique et sexuelle en Inde. Un pavé dans la mare dans un pays où ces pratiques constituent un véritable tabou sociétal. Selon l’enquête effectuée sur deux ans, auprès de 12.247 jeunes (entre 5 et 12 ans) et 2.324 adolescents (entre 12 et 18 ans) dans 13 des 29 états du pays, 69% d’entre eux déclarent avoir été victimes de mauvais traitements (cruauté, atteinte à la dignité, humiliation, violence émotionnelle et physique). Pis, plus d’un sur deux (53 %) affirme avoir subi une ou plusieurs formes d’abus sexuels (harcèlement, attouchements ou viols). Contre toute attente, les garçons (53%) sont plus visés que les fillettes (47%) et ces pratiques prévalent dans quatre Etats : Andhra Pradesh, Assam, Bihar et Dehli.
L’entourage immédiat en cause
Selon l’étude soutenue par l’association Save the Children et l’ONU, les auteurs de ces mauvais traitements appartiennent à l’entourage immédiat des enfants : amis, proches et dans 88.6% des cas, parents. Les associations de défense de l’enfance qui dénonçaient l’ampleur de ce phénomène depuis des années, comptent bien sur cette étude pour lever l’omerta dans le pays. «Une tradition du déni des violences infantiles» que même la ministre des Femmes et du Développement de l’enfant, Renuka Chowdhury a dénoncé, en promettant le vote rapide d’une loi. Deux chiffres illustrent ce «complot du silence» : 50% des jeunes interrogés estiment que ce type d’abus ne doit pas sortir du cadre familial. Et pour cause, 70% des victimes d’abus n’ont jamais raconté à qui que ce soit ce qu’il leur était arrivé, avant cette enquête.
Nissan exportera d’Inde en 2009
Le pays a séduit les dirigeants du constructeur nippon, filiale de Renault.
Nissan a révélé hier qu’il allait produire en Inde des petites voitures pour l’exportation, afin de profiter des tarifs « low-costs » du sous-continent. Les coûts de production y sont en effet inférieurs de 10 % à ceux de la Roumanie. Dans l’usine qu’il partagera en 2009 avec Renault et Mahindra, Nissan assemblera plusieurs modèles spécifiquement destinés à l’Inde et une petite voiture qui sera exportée. L’Inde prend de plus en plus d’importance pour Nissan et Renault.
Le constructeur français a en effet révélé qu’il étudiait la possibilité d’y produire des véhicules utilitaires, en plus de la Logan désormais vendue dans le pays. Renault pourrait aussi y implanter un centre de recherche et de développement. Carlos Ghosn, patron de Renault-Nissan, a indiqué qu’il était optimiste dans la capacité du groupe français de réaliser des profits dans le pays dès 2008.